Titre : Nouvel Angyo Onshi (Le) - le manga
Auteur: Yang Kyung-Il et Youn In-Wan
Editeur: Pika
Nombre de volumes au Japon (en cours) : 13
Nombre de volumes en France (en cours) : 11
Genre: shônen heroïc fantasy
Prix du volume : 6.95 €
Titre original : Shin angyo onshi
Prépublication : Monthly Sunday GX (mensuelle)
Les Angyo Onshi étaient les agents secrets du royaume de Jushin, parcourant le pays, punissant les gouverneurs injustes. Après la chute du royaume, ces agents disparurent et nombre de gouverneurs commencèrent à profiter du peuple. Seul un Angyo Onshi continue maintenant sa quête, traquant les injustices selon son bon plaisir, n'hésitant pas à utiliser tous les moyens pour parvenir à ses fins, contrôlant les esprits à l'aide de son puissant mahai, rendant sa propre justice au fil des rencontres les plus inattendues.
Le Nouvel Angyo Onshi est un manga signé Youn In-Wan au scénario et Yang Kyung-Il au dessin. Je dis bien "manga" car si les auteurs sont coréens, le pays de prépublication d'origine reste le Japon: prépublié dans le Monthly Sunday GX, magazine shônen de Shogakukan. Ce qui explique le sens de lecture japonais que nous propose la version française de Pika (le sens de lecture coréen est le même que le sens de lecture occidental).
Des mêmes auteurs, on connaît Island, manhwa en 7 volumes publié (à grand peine suite à des ventes difficiles) par Génération comics. Pour ma part, le premier volume d'Island ne m'avait guère convaincue (même s'il avait réussi à éviter la catégorie des "vite lu, vite oublié", pour preuve, je m'en souviens encore plutôt bien), pas suffisamment en tout cas pour me faire continuer la série. Autant dire que je partais avec de sacrés a priori en commençant Le nouvel Angyo Onshi. A priori que j'ai bien été obligés de dépasser quand l'effrayante réalité me frappa: j'aimais vraiment bien ce manga...
Les premières pages nous entraînent dans le royaume de Jushin, ou du moins ce qu'il en reste après sa chute. C'est le monde du chacun pour soi, violent, chaotique, où les petites frappes prennent le pouvoir par la force, où les puissants écrasent les faibles, bref la jungle où règne la loi du plus fort. Monde dans lequel les auteurs ne vont pas se gêner pour réutiliser des personnages et légendes de l'histoire et de la mythologie coréennes en nous permettant, grâce à des petits textes bonus, de comprendre le contexte dont ils les ont tirés pour les besoins de leur histoire. Petits bonus plutôt intéressants et documentés qui permettent de prendre du recul par rapport à l'histoire qu'ils nous content.
On rencontre alors l'Angyo Onshi. A l'origine, c'était un agent de l'empereur chargé de surveiller les puissants et de protéger le peuple en vagabondant incognito dans le royaume, aidé en cela par son mahai, symbole de son pouvoir (selon le nombre de chevaux qui y étaient gravés). Les plus puissants Angyo Onshi possédaient un mahai à 3 chevaux capable de ressusciter une armée de morts pour combattre l'injustice de manière terriblement efficace et impitoyable. Mais depuis la chute du royaume, l'ordre ne règne plus vraiment et nombreux sont les gouverneurs de province qui se laissent corrompre par le pouvoir et n'hésitent pas à abuser du peuple.
Il reste pourtant au moins un Angyo Onshi qui veut continuer sa mission... mais on n'est bien loin là de l'image du justicier à la superman, pur, innocent, armé des meilleures intentions du monde, parfait, lisse, bref artificiel, invraisemblable et particulièrement agaçant et fade. Il est même tout le contraire ce qui le rend très humain et attachant: râleur, bougon, cynique et blasé, adepte du caractère emporté qu'il faut apprendre à supporter quand on fait partie de son entourage, apportant là quelques touches d'humour particulièrement bienvenues parfois.
On veut lui faire porter le costume, et donc le poids et les responsabilités, de héros parfait quasi-divin mais il le refuse obstinément. Ici l'Angyo Onshi n'hésite pas à rendre sa propre justice, tout en respectant toute vie humaine, choisissant de faire payer à certains le prix de leurs atrocités de leur vie tandis que d'autres devront porter le poids des remords et de la culpabilité qui ronge l'âme. Il refuse d'endosser le rôle du justicier qui arrive toujours quand les choses vont mal, il refuse qu'on l'idéalise. Ce serait un rôle hypocrite pour lui, car ce serait pousser les gens à tout attendre des autres et à ne jamais se prendre en main au lieu d'agir par eux-mêmes, en utilisant leur tête et en assumant les conséquences de leurs actes. Quand il intervient, il ne fait pas dans la dentelle, semblant limite démoniaque même si en fait, il sait parfaitement ce qu'il fait (mais il avoue lui-même de ne pas être infaillible, loin de là)... Et il veut faire comprendre, par la manière forte car la causette ce n'est pas trop son truc, que c'est à chacun de prendre sa vie en main. Difficile de lui mentir car il se révèle particulièrement habile, derrière son côté rustre et froid, pour sonder le coeur et l'âme des humains pour y découvrir leurs peurs, leurs vices, leurs doutes. Son côté anti-héros étant même renforcé par la mise en scène de son entrée: "Voici venir l'Angyo Onshi" crie-t-il en brandissant son mahai, voilà un geste qui fait très super héros dévoilant son pouvoir, mais à côté de ça, son discours très blasé, très dur et froid, impitoyable, casse vite cette image illusoire. Néanmoins, il se révèle brillant tacticien qui sait se servir de sa tête autant que de ses armes.
Mais il ne faudrait pas oublier qu'un Angyo Onshi n'est pas seul pour assumer sa difficile tâche, aidé en cela par son sando, un garde du corps qui se doit d'être un as du combat. Notre sando est ici une jolie jeune femme qui semble assez fragile et maladroite au premier abord (assez énigmatique d'ailleurs, même si elle a un petit côté autiste à la Rei-"je fais toujours la gueule"-Evangelion) mais qui se révèle être une combattante hors pair. Amusant, notre "héros" n'a rien du prince sur son cheval blanc et c'est la princesse qui est là pour le sauver lors des combats dans lesquels il n'excelle pas forcément à cause d'une malédiction qui l'affaiblit quand il stresse... Mais la manière dont il parle à son sando ne semble guère agréable, ne serait-elle qu'une marionnette qui obéit aveuglément et tue sans réfléchir ? Du tout, notre tandem doit d'abord apprendre à se connaître et à se faire confiance et il n'est pas rare que le sando s'interroge sur le bien fondé des décisions de son maître, n'hésitant alors pas à montrer son désaccord...
La première chose que l'on remarque sur ce sando, c'est, non seulement qu'elle est plutôt jolie, mais aussi que son habillement est plutôt... sommaire. Aïe, auront-on droit à l'habituel fan-service dont certains shônen regorgent ? Même pas... Les quelques personnages féminins peuvent être assez dénudés mais sans aucun sous-entendu graveleux, on n'y fait jamais allusion, ce n'est jamais vulgaire, on n'a jamais de gros plan libidineux sur tel ou tel partie du corps (ah ben ouais... désolé !), bref ça fait juste partie du personnage et c'est tout. Tous les personnages ont d'ailleurs un style bien à eux, impossible de les confondre, les Angyo Onshi ont un côté très western (que ce soit niveau tenue vestimentaire que niveau armes), les autres lorgnent plus du côté de l'héroic fantasy, il y a une vraie recherche du design tout en sachant rester cohérent et ne pas non plus tout miser là-dessus.
Cela nous donne un manga avec de la castagne, certes, mais aussi pas mal de réflexion, d'émotion, de questions sur le bien et le mal, sur la nature de l'homme et la société qu'il se créée, ses désirs, les illusions qu'il préfère suivre au lieu d'affronter une réalité forcément moins rose... Rajoutons là dessus un dessin qui s'améliore au fil des volume et devient très fin et élégant tout en servant parfaitement l'histoire, parvenant même à dégager un parfum un peu mélancolique (un peu comme dans un Berserk, à la différence que Berserk est tout de même largement plus noir, violent, gore et totalement désespéré), une narration dynamique et efficace, des personnages charismatiques qui se dévoilent petit à petit, ne présentant pas qu'une seule facette bien lisse et manichéenne, bref des êtres humains dans toute leur complexité.
La trame en elle-même est assez classique: on commence par de petites histoires indépendantes pour mettre en place les personnages principaux et nous les faire découvrir petit à petit, on a droit à quelques allusions à d'autres personnages et événements qui constitueront le fil rouge de l'histoire, on finit par rencontrer ces personnages et les histoires se centrent sur le fil rouge, montant en régime pour très certainement arriver à la confrontation finale, avec de temps à autre des petites histoires relativement indépendantes pour calmer le jeu, faire durer un peu le suspense, mieux percer les personnages, etc. Classique mais efficace quand on n'a pas l'impression qu'on ne fait que combler les vides et faire dans le répétitif pour augmenter le nombre de volumes, comme cela arrive souvent...
Le Nouvel angyo onshi, c'est l'histoire des hommes face à leurs illusions perdues auxquelles ils se raccrochent... Notre "héros" ne peut alors apparaître que comme cruel et froid puisqu'il s'est fixé comme rôle, entre autre, de détruire ces illusions pour obliger les hommes à se prendre en main et réfléchir à leur destin dont ils sont les seuls maîtres.
Voici venir l'Angyo Onshi... mais ce n'est peut-être pas celui que vous croyez rencontrer... Saurez-vous lire le coeur humain au delà des apparences ?
Les points forts:
- un dessin très élégant et fin, très réaliste également, dégageant véritablement quelque chose...
- une histoire plutôt prenante
- des personnages complexes, "humains" (même si certains...), charismatiques, qui évoluent et apprennent des autres, dont un personnage principal au caractère difficile qui refuse le statut de justicier qu'on veut lui faire porter...
- des questions sur le bien et le mal, les illusions et la réalité, la force des hommes à se prendre en main...
- une approche des légendes coréennes
- une bonne petite dose d'humour pas désagréable...
Les points faibles:
- la trame principal reste très classique (mais efficace)
Voici venir... un shônen manga intéressant, prenant, qui ne joue pas que sur le plan de la castagne ou de la plastique de ses jolis personnages féminins, mais aussi sur le registre de l'émotion et des questions sur l'homme face à sa vie, face à ses illusions, face à ses choix et ses responsabilités... Rafraîchissant...Source:
http://www.mangaverse.net/html/mangas/chro...hp?manga_id=257Je n'ai lu que le 1er Tome est déjà tout ce que je peux dire dessus c'est: Excellent!
J'attend avec impatience la suite! (oui le portefeuille ne suit pas tout le temps...)
Quelqu'un d'autres connait-il ce manwha?